mardi 30 juin 2009
le roi Charles VII devant Tartas
lundi 29 juin 2009
retour sur le passé
Mais, en 1337, le roi de France Philippe VI de Valois en proclame la confiscation. Edouard III d’Angleterre dénonce alors l’hommage prêté et revendique la couronne de France en sa qualité de petit-fils de Philippe le Bel.
Ainsi s’ouvre le conflit devenant la Guerre de Cent Ans.
Presque cent ans plus tard, Charles VII, déclaré bâtard, banni, déshérité par son père au profit du roi d’Angleterre, et qui n’est plus que « le petit roi de Bourges », se fait pourtant sacrer roi de France après les succès offerts par Jeanne d’Arc. Il entreprend alors d’asseoir sa légitimité contestée et sa situation militaire pour se consacrer à la reconquête de son royaume.
Pour l’heure, seule la région entre Bordeaux et Bayonne demeure anglaise. Mais c’est l’époque des bandes de routiers, des « écorcheurs » et des « grandes compagnies ». Depuis plus de dix ans le pays est livré à des bandes de pillards, avec à leur tête de redoutables chefs de bandes écumant la région aussi bien pour le compte des Français que pour celui des Anglais, et surtout pour leur propre compte. Charles d’Albret lui-même, entreprend, à la tête de routiers et cavaliers, de ravager le pays des Lannes, le Bordelais et le Médoc, au nom du roi de France, à partir de son château de Tartas dont il est resté maître et où il a placé une forte garnison. « et d’aqui en fore feyt guerre orrible et desresonnable et grandement destruyt lo pays de ladite seneschausie de las Lanes »
samedi 27 juin 2009
château et ville de Tartas
La ville est scindée en deux par la rivière nommée Midouze. Une ville haute ceinte d’un rempart est perchée sur une terrasse, sur la rive gauche. A l'intérieur et dans la partie nord de cette ville haute se trouve le château vicomtal, dans l’angle formé par la Midouze et un ruisseau encaissé complétant le dispositif défensif. Pourvu d’un gros donjon à contreforts d’angle, il est lui-même muni d'une enceinte pourvue de trois tours. Le rempart de la ville haute est pourvu de deux portes: l'une au sud, l'autre en bordure de la rivière, à l'extrémité d’un pont de bois la reliant à la ville basse située sur la rive droite. Cette dernière, constituée d’un bourg disposé de part et d'autre d'une longue rue parallèle à la rivière,.est également ceinturée par une muraille, doublée d'un fossé, et percée d’au moins quatre portes (la porte de Bégaar au sud-ouest, la porte de Vacher à l’ouest, la porte du Bourg-St-Jean au nord, et la dernière située à l'entrée du pont).
vendredi 26 juin 2009
le siege par les anglais
jeudi 25 juin 2009
la composition conclue
mardi 23 juin 2009
la marche sur Tartas
A cet effet le roi convoque les milices du royaume. Alors qu’il est en Poitou et Saintonge il écrit de Bressuire dès le 17 janvier à tous ses barons de Languedoc et à ses cousins d’Armagnac, de Comminges, de Foix, de Lomagne et d’Albret et les invite à rassembler « tous ceux ayant coutume de s’armer et de suivre les guerres » et les convoque pour le 1er avril à Toulouse. Galobie de Panassac, le sénéchal de Toulouse, et le sire du Bourg sont chargés et de mobiliser la noblesse et les communes du Languedoc.
« le Roy a promis a monseigneur de Lebret de secourie sa ville et chastel de Tartas ... et a esté prins jour au premier jour de may, pour secourir ladicte place ou icelle rendre; et est la intencion du Roy de tenir ladicte journée »
« le Roy ne puet deleesier que il ne secoure ladicte place et que de ce faire a baillé son sceelé; laquelle journée est signifiée aus Anglois, passé a deux mois, ainsi que le traixté le portaoit; et faut que le Roy soit devant ladicte place de Tartas devant ledit premier jour de may et pour le myeux »
.
Le terme primitivement fixé au premier jour du mois de mai est reporté à la Saint Jean. Ce report aurait été demandé par les capitaines anglais selon la chronique de Monstrelet. Charles VII, occupé par ailleurs, diffère sa venue. Son armée est rassemblée en effet sans la participation des princes de sang , les ducs de Bourgogne, d’Orléans, de Bourbon et d’Alençon, près à se liguer contre lui, cependant que le comte Jean III d’Armagnac négocie par ailleurs pour leur compte avec le roi d’Angleterre Henri VI, offrant même sa fille en mariage
Voulant empêcher les désordres résultant de la concentration de gens de guerre, Charles VII ordonne de les disperser en leur assignant un autre lieu de rassemblement à Limoges où il se rend en mai.
Il quitte Limoges à la fin du mois, le 2 juin il est à Figeac, et fait son entrée solennelle à Toulouse le 8 juin 1442. Il y retrouve rassemblée toute la noblesse du Languedoc et de la Guyenne française.
« Et pour vray …il fut trouvé qu’il povait bien avoir le nombre de quatre vins mil chevaulx, avec tres grand nombre de charios et de charettes menans artilleries, vivres et aultres engiens et habillemens de guerre »
Bien sûr ce chiffre est erroné ou exagéré. La chronique du hérault Berry mentionne « quatre mille lances et huict mille archers et aultres huict mille combattants, tant arbalétriers que coustilliers ». Ce qui peut représenter, si on les additionne, environ trente deux mille hommes, sachant qu’une lance est composée d’au moins trois combattants, non compris les pages et valets. Les coutilliers sont les hommes armés d’une épée accompagnant les hommes d’armes
Lors de la création des compagnies d'ordonnance en 1445, une lance était composé d'un chevalier, d'un page ou écuyer, de trois archers, d'un coutilier et d'un sergent d'armes tous à cheval mais combattant à pied. Soit pour cent lances, 700 hommes par compagnie
Informé que les anglais ne sont pas en capacité de lui opposer une force suffisante, Charles VII décide de marcher sur Tartas avec seulement une partie de cette armée afin que le ravitaillement en soit moins lourd. « Si sé parti dudit lieu de Toulouse, a tout environ seize mille chevaulx » La Hire quitte la ville le 11 juin.
Un corps d’armée sous les ordres du Connétable descend sur la gauche la vallée de l’Adour par Riscle Aire et Grenade, contournant Saint-Sever occupé par les anglais, et évitant d’avoir à franchir l’Adour. L’aile droite conduite par le roi passe par Auch, Vic, Nogaro, le Houga. Les compagnies s’échelonnent à petites journées, suivant plusieurs routes parallèles. Sur leur passage plusieurs places leur refusent obéissance sans pouvoir arrêter la chevauchée.
La jonction des deux corps d’armée se fait à Mont de Marsan. Charles VII y loge le 21 juin. La Hire fait sa jonction avec l’armée royale le 22 juin après avoir combattu , selon la tradition locale, une bande de routiers anglais et donné, dit-on, l’assaut à la motte et château du Tuc d’Auros à Ygos
samedi 20 juin 2009
le roi "tient journée"
« Et avec ledit connestable faisoient l’avant-garde, c’est assavoir le seigneur de Lohiac ( André de Laval) et de Jaloingnes (Philippe de Culant) le seigneur de Cotigni, admiral de France, le seigneur de Villierss, le seigneur de Montgascon, le seigneur de Saint Priach, le seigneur de Calenton, le seigneur de Saint Vallier, le seigneur de Baudemont »
et autres capitaines et vieux routiers de guerre comme
« La Hire, Pothon de Xaintrailles, Anthoine de Chabennes Olivier de Cotigny, le seigneur de Blanville et son frère messire Robert,Blanchefort, Pennesach, Floquet, Joachim Rohault, Pierre Renauld, Mathelin de Lescouan, Dimenche de Court et moult d’aultres nobles hommes de grand renom »
Arrivées en vue de la ville haute et sachant que les Anglais ne seraient pas au rendez vous les troupes ne se mettent cependant pas en ordre de bataille, « excepté chacun par soy ».
Nous sommes le Samedi 23 juin 1442, « vespre » de la Saint Jean Baptiste (vespre ou vigile étant la veille d'une fête religieuse importante )
« Et y fut depuis le matin jusques entre X et XI heures devant nonne ».
( None étant la neuvième heure canoniale du jour, la première heure Prime étant à six heures du matin; cela pourrait correspondre à 23 heures solaires de l’époque )
Le roi est accompagné en cette journée du dauphin son fils, le futur Louis XI, de Charles d’Anjou, du comte du Maine, du connétable Arthur de Richemont, des comtes d’ Eu, de la Marche ( Bernard, frère du comte Jean IV d’Armagnac, et conseiller du roi) , de Foix, de Comminges, de Castres et de Perdriac (frère du comte d’Armagnac), le vicomte de Lomagne ( fils aîné du comte d’Armagnac), des seigneurs d’Albret que sont le vicomte de Tartas et son frère le sire d’Orval, vaillant capitaine qui a jadis combattu sous les ordres de l’ aventurier Rodrigo de Villandrando.
Sont également présents, les seigneurs de Tancarville, de Montgascon, fils aîné du comte de Boulogne et d’Auvergne, Philippe de Culant, amiral de France, et une infinité de belle noblesse puisque derrière le souverain et les grands seigneurs se tenaient « plus de sept a six vingt barrons et bannières et toutes ces gens en bataille en moult belle ordonnance et en grands habillements de chevaux et de harnois couverts de soye et d’orfevrerie » ( hérault Berry - édition de 1654 sous le nom d’Alain Chartier)
Autant de seigneurs, nobles, capitaines et vieux routiers, « fleur de droites gens d’armes » accourus à l’appel de Tartas.
Point de troupe anglaise au rendez-vous. Seule une escarmouche est signalée à l’est de la ville. Point de bataille. La journée de Tartas ne sera finalement qu’une opération de prestige pour Charles VII "le Victorieux", et le début de la fin de la guerre de Cent Ans qui s’achèvera non loin de là par la bataille de Castillon livrée le 17 juillet 1453.
Le connétable Arthur de Richemont se présente alors devant la porte de la ville. Viennent au devant de lui le seigneur de Cauna et Augerot de Saint Per (Pée), accompagnés de Charles d’Albret leur otage, pour remettre les clés de la ville.
Alors qu’Augerot de Saint Per reste fidèle au parti anglais ( il est même un des conseillers du roi à Bordeaux) et se réfugie à Dax, le seigneur de Cauna s’empresse de faire serment de fidélité au roi de France.
Charles d’Albret peut alors faire son entrée dans sa ville redevenue française .
Le roi se retire chez le seigneur de Cauna, en son château, à deux lieues de Tartas, où il loge le jour de la Saint Jean et le lendemain. Gaston de Foix l’accompagne, alors que le Connétable de Richemont va loger à Souprosse.
Le roi poursuit sa reconquête fragile de l’Aquitaine.
L’armée monte sur le Condommois et l’Agenais et enfin La Réole qui se rend le 8 décembre. C’est la fin de cette campagne de 1442.
L’hiver précoce et rigoureux, la disette et la maladie frappant ses gens, obligent le roi à la retraite. Le 23 décembre il part prendre ses quartiers à MONTAUBAN où il reste bloqué jusqu’à la fin février 1443, laissant l’armée sous les ordres du connétable.
Le vieux compagnon de Jeanne d’Arc, LA HIRE, très éprouvé par cette campagne, tombe malade au château comtal de Montauban que l’on appelle alors CASTEL REAL. Son état s’aggrave rapidement et son épitaphe, aujourd’hui disparue, portait « qu’il trépassa le onzième jour de janvier de l’an 1443 »
Un autre récit de la prise de Saint-Sever en juin 1442
Jean de Wavrin – Recueil des
croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne – manuscrit BNF
Aprez que le roy Charles de
France eut ainsi mis en son obeissance la ville de Tartas, luy et son armée sen
allerent devant Saint Severe, ou tout le plat pays sestoit retrait, et y avoit
chincq fermetez dont les deux premieres furent prestement prinses par les gens
du dauphin, ou ils se logerent, et peu de jours aprez prindrent les gens du roy
la troizieme ; puis fut commande par le roy quon assaillist la
quatrieme ; auquel assault les Anglois firent de grans resistences et y eut
moult belles apartises darmes faites tant dune partie comme dautres ; mais
ceste deffence leur fut de petite valleur, car ilz furent reboutez et moult
vigoureusement poursievis jusques a la porte du maistre chastel, lequel sans
commandement ne ordonnance du roy fut assaillis tres vivement par les
Francois ; et dura ce darrain assault environ de trois a quatre heures
moult terrible et merveilleux, si furent en la fin ceulz de lains concquis par
le coste que faisoit assaillir le connestable de France, et y furent mors
promtement environ neuf cens des assieges et prins Guillame de Rameston, avec
luy aulcuns autres nobles en petit nombre ; et y eut des Francois mors
environ trante.
Un autre récit de la prise de Dax en août 1442
Jean de Wavrin – Recueil des
croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne – manuscrit BNF
Aprez la prinse de cette ville
de Saint Severe et que le roy y eut ses gens rafreschy douze jours il s’en alla
mettre le siege devant la ville dAcques, ou il fut bien chincq semaines, car
devant lune des portes y avoit ung moult fort bolewert, lequel aprez quil eut
este durement batu de gros engiens du roy avec aulcuns quartiers des murs de la
ville abatus, fut assailly bien lespace de chincq grosses heures continueles
tres asprement prins par force environ jour faillant, si y furent mors dix ou
douze Anglois et plusieurs Francois navrez. Aprez laquele prinse on fist
retraire toutes manieres de gens de par le roy pour eulz reposer, excepte ceulz
quy furent commis a la garde dudit bollewert ; et le lendemain matin ceulz
de la ville doubtans quon ne leur livrast nouvel assault se rendirent tous a
voullente, excepte le seigneur de Montferrant quy la estoit capitaine, et
Augerot de Saint Per, lesquelz sen allerent le baston au poing, at avec ce
promist ledit seigneur de Montferrant de rendre et mettre en la main deux
forteresses quil avoit aupre de Bordeaux ; pour sceurete de laquele chose
bailla son filz en hostage quy demoura prisonnier tres long tempz par ce que
celluy seigneur de Montferrant pour ce lqul ne voullot mie adcomplir ce que
promis avoit.
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Tandis que Richemont précise que le roi se trouva au jour dit de la Saint-Jean devant Tartas, Gruel indique qu'il s'y rendit une journée plus tôt , le samedi, veille de la St Jean. Et, tandis que Berry prétend que l'armée leva le camp de lendemain de la reddition, le dimanche, Gruel dit qu'elle attendit le lundi pour déloger.
vendredi 19 juin 2009
le camp de Charles VII
lundi 1 juin 2009
le récit de Martial d'Auvergne
Avecques des Seigneurs grant tas
Et là son armée départit,
Pour s'en venir droit à Tartas.
Paravant certain temps & jours,
Eftoit dit que fe les Françoys
N'avoient à la faint Jehan fecours
La Ville feroit aux Angloys.
Ainfi le Roy diligemment
A Thouloufe logier s'en vint,
Où il fut reçcu grandement,
Et là par aucun temps s'i tint.
Puis luy , Monfeigneur le Daulphin,
Charles d'Anjou, le Conneftable,
Et d'autres grans Seigneurs enfin
Partirent en arroy notable :
Les Contes de Foejtz, Perdriac,
La Marche , Caftres, & Lommaigne ,
D'Allebret, Comminge , Armignac
Et mainz Barons foubz leurs enfeigne ;
Partenay, d'Ellrac, Tancarville,
Mongaton , Culant Marefchal,
Pour eftre au jour devant la Ville ,
Et Coitivy lors Admirai.
Brief le Roy en fa compaignie
Avoit cent ou fix vingz baniercs,
Gens Nobles & de Baronnie,
De toutes contrées & frontières.
Après vcnoit en ordonnance
La bataille de les Cens d'armes ,
Eltans troys mille fuitz de lance
Pour combattre & faire faiz d'armes ,
De couftilleurs , cranequiniers,
De gens du pays belle bille ,
Et tant qu'à conter les Archicrs
Eftoient en tout quelque vingt mille.
Si que le Rov tint la journée,
Pour là les Angloys recevoir ,
Et jufques à la nuit fermée
Mais homme ne s'i fili à veoir:
Cela fait, les Angloys rendirent
Le filz d'Allebret tenant oftage,
Et dudit Tartas fe partirent,
Qifilz tenoient en leur main pour gaige.
Le Seigneur de Conac Angloys ,
Tenant ledit Tartas à l'eure,
Fift le ferment d'eflre Françoys ,
£t eut ou pays fa demeure.
.................................................
Après que le Roy eut tenue
Ladifte journée de Tartas ,
S'en alla de plaine venue
Afliéger faint Sever plus bas.
Meflîre Thomas Ramcfcons
Cappitaine d'icelle Ville,
Avoit deux cens Angloys Gafcons
Et d'Arbaleftriers plus de mille ;
Si leur fift l'en fommacion
De vouloir la Ville au Roy rendrei
Dont firent dénégacion
Difans qu'il fe vouloient deffendre.
Si qu'environ de mydy l'eure
Le Roy fi commanda l'afiauit,
Et alors fes gens (ans demeure
Montèrent fur les murs en haute.
Ledit faint Sevcr & fauxbourgs
Eftoient fors merveilleufèment,
Mais nonobftant carneaulx & tours
Hz y entrèrent plainemcnt.
Si eut audit aflault des gourmes
Et de grans horions ruez ,
Tant qu'il y mourut trois cens hommes
Lss D'Angloys qui Furent là tuez.
Quant l'en vidla defconfiture
De ceulx là defpefchez premiers
Hz s'enfouyrent à celle heure
Quelque huit cens Arbaleftriers.
Ledit Ramefcons Cappitaine
Fut peins prifonnier en la fuite
Et ainfï par affault & peine
La Ville fut au Roy redduite.
Ylà fift ung peu de féjour ,
Pour y mettre ordre convenable ,
Et au bout du troyfiefme jour
pailla la garde au Connétable.