« Et avec ledit connestable faisoient l’avant-garde, c’est assavoir le seigneur de Lohiac ( André de Laval) et de Jaloingnes (Philippe de Culant) le seigneur de Cotigni, admiral de France, le seigneur de Villierss, le seigneur de Montgascon, le seigneur de Saint Priach, le seigneur de Calenton, le seigneur de Saint Vallier, le seigneur de Baudemont »
et autres capitaines et vieux routiers de guerre comme
« La Hire, Pothon de Xaintrailles, Anthoine de Chabennes Olivier de Cotigny, le seigneur de Blanville et son frère messire Robert,Blanchefort, Pennesach, Floquet, Joachim Rohault, Pierre Renauld, Mathelin de Lescouan, Dimenche de Court et moult d’aultres nobles hommes de grand renom »
Arrivées en vue de la ville haute et sachant que les Anglais ne seraient pas au rendez vous les troupes ne se mettent cependant pas en ordre de bataille, « excepté chacun par soy ».
Nous sommes le Samedi 23 juin 1442, « vespre » de la Saint Jean Baptiste (vespre ou vigile étant la veille d'une fête religieuse importante )
« Et y fut depuis le matin jusques entre X et XI heures devant nonne ».
( None étant la neuvième heure canoniale du jour, la première heure Prime étant à six heures du matin; cela pourrait correspondre à 23 heures solaires de l’époque )
Le roi est accompagné en cette journée du dauphin son fils, le futur Louis XI, de Charles d’Anjou, du comte du Maine, du connétable Arthur de Richemont, des comtes d’ Eu, de la Marche ( Bernard, frère du comte Jean IV d’Armagnac, et conseiller du roi) , de Foix, de Comminges, de Castres et de Perdriac (frère du comte d’Armagnac), le vicomte de Lomagne ( fils aîné du comte d’Armagnac), des seigneurs d’Albret que sont le vicomte de Tartas et son frère le sire d’Orval, vaillant capitaine qui a jadis combattu sous les ordres de l’ aventurier Rodrigo de Villandrando.
Sont également présents, les seigneurs de Tancarville, de Montgascon, fils aîné du comte de Boulogne et d’Auvergne, Philippe de Culant, amiral de France, et une infinité de belle noblesse puisque derrière le souverain et les grands seigneurs se tenaient « plus de sept a six vingt barrons et bannières et toutes ces gens en bataille en moult belle ordonnance et en grands habillements de chevaux et de harnois couverts de soye et d’orfevrerie » ( hérault Berry - édition de 1654 sous le nom d’Alain Chartier)
Autant de seigneurs, nobles, capitaines et vieux routiers, « fleur de droites gens d’armes » accourus à l’appel de Tartas.
Point de troupe anglaise au rendez-vous. Seule une escarmouche est signalée à l’est de la ville. Point de bataille. La journée de Tartas ne sera finalement qu’une opération de prestige pour Charles VII "le Victorieux", et le début de la fin de la guerre de Cent Ans qui s’achèvera non loin de là par la bataille de Castillon livrée le 17 juillet 1453.
Le connétable Arthur de Richemont se présente alors devant la porte de la ville. Viennent au devant de lui le seigneur de Cauna et Augerot de Saint Per (Pée), accompagnés de Charles d’Albret leur otage, pour remettre les clés de la ville.
Alors qu’Augerot de Saint Per reste fidèle au parti anglais ( il est même un des conseillers du roi à Bordeaux) et se réfugie à Dax, le seigneur de Cauna s’empresse de faire serment de fidélité au roi de France.
Charles d’Albret peut alors faire son entrée dans sa ville redevenue française .
Le roi se retire chez le seigneur de Cauna, en son château, à deux lieues de Tartas, où il loge le jour de la Saint Jean et le lendemain. Gaston de Foix l’accompagne, alors que le Connétable de Richemont va loger à Souprosse.
Le roi poursuit sa reconquête fragile de l’Aquitaine.
L’armée monte sur le Condommois et l’Agenais et enfin La Réole qui se rend le 8 décembre. C’est la fin de cette campagne de 1442.
L’hiver précoce et rigoureux, la disette et la maladie frappant ses gens, obligent le roi à la retraite. Le 23 décembre il part prendre ses quartiers à MONTAUBAN où il reste bloqué jusqu’à la fin février 1443, laissant l’armée sous les ordres du connétable.
Le vieux compagnon de Jeanne d’Arc, LA HIRE, très éprouvé par cette campagne, tombe malade au château comtal de Montauban que l’on appelle alors CASTEL REAL. Son état s’aggrave rapidement et son épitaphe, aujourd’hui disparue, portait « qu’il trépassa le onzième jour de janvier de l’an 1443 »
Un autre récit de la prise de Saint-Sever en juin 1442
Jean de Wavrin – Recueil des
croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne – manuscrit BNF
Aprez que le roy Charles de
France eut ainsi mis en son obeissance la ville de Tartas, luy et son armée sen
allerent devant Saint Severe, ou tout le plat pays sestoit retrait, et y avoit
chincq fermetez dont les deux premieres furent prestement prinses par les gens
du dauphin, ou ils se logerent, et peu de jours aprez prindrent les gens du roy
la troizieme ; puis fut commande par le roy quon assaillist la
quatrieme ; auquel assault les Anglois firent de grans resistences et y eut
moult belles apartises darmes faites tant dune partie comme dautres ; mais
ceste deffence leur fut de petite valleur, car ilz furent reboutez et moult
vigoureusement poursievis jusques a la porte du maistre chastel, lequel sans
commandement ne ordonnance du roy fut assaillis tres vivement par les
Francois ; et dura ce darrain assault environ de trois a quatre heures
moult terrible et merveilleux, si furent en la fin ceulz de lains concquis par
le coste que faisoit assaillir le connestable de France, et y furent mors
promtement environ neuf cens des assieges et prins Guillame de Rameston, avec
luy aulcuns autres nobles en petit nombre ; et y eut des Francois mors
environ trante.
Un autre récit de la prise de Dax en août 1442
Jean de Wavrin – Recueil des
croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne – manuscrit BNF
Aprez la prinse de cette ville
de Saint Severe et que le roy y eut ses gens rafreschy douze jours il s’en alla
mettre le siege devant la ville dAcques, ou il fut bien chincq semaines, car
devant lune des portes y avoit ung moult fort bolewert, lequel aprez quil eut
este durement batu de gros engiens du roy avec aulcuns quartiers des murs de la
ville abatus, fut assailly bien lespace de chincq grosses heures continueles
tres asprement prins par force environ jour faillant, si y furent mors dix ou
douze Anglois et plusieurs Francois navrez. Aprez laquele prinse on fist
retraire toutes manieres de gens de par le roy pour eulz reposer, excepte ceulz
quy furent commis a la garde dudit bollewert ; et le lendemain matin ceulz
de la ville doubtans quon ne leur livrast nouvel assault se rendirent tous a
voullente, excepte le seigneur de Montferrant quy la estoit capitaine, et
Augerot de Saint Per, lesquelz sen allerent le baston au poing, at avec ce
promist ledit seigneur de Montferrant de rendre et mettre en la main deux
forteresses quil avoit aupre de Bordeaux ; pour sceurete de laquele chose
bailla son filz en hostage quy demoura prisonnier tres long tempz par ce que
celluy seigneur de Montferrant pour ce lqul ne voullot mie adcomplir ce que
promis avoit.
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Tandis que Richemont précise que le roi se trouva au jour dit de la Saint-Jean devant Tartas, Gruel indique qu'il s'y rendit une journée plus tôt , le samedi, veille de la St Jean. Et, tandis que Berry prétend que l'armée leva le camp de lendemain de la reddition, le dimanche, Gruel dit qu'elle attendit le lundi pour déloger.
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